Sean est né. C'est un bon début, non ?
Ah, vous en voulez plus. Ok, je vois.
Sean est le second fils d'un mariage se portant plutôt bien, enfant d'une scientifique et d'un bureaucrate tout ce qu'il y avait de plus simple.
Bon, on va pas se mentir, dès l'enfance, Sean commençait à devenir le vilain petit canard de la famille. Un mauvais comportement à l'école, des résultats pas toujours corrects... Oh, il était pas méchant non, juste un peu... Imparfait. Dans une famille où tout le monde réussissait et où l’aîné voulait devenir scientifique comme sa maman, c'est sûr que ça faisait un peu adopté, pas vrai ?
Apparemment, ses parents l'aimait, jusqu'à un temps. Enfin, c'est ce que Sean se disait autrefois ; maintenant, il ne s'en soucie plus.
Ses parents l'aimait, mais eux ne s'aimaient plus. Pourquoi ? Les mystères de la vie, sûrement, ou alors peut-être à cause de lui, ou du bureaucrate un peu trop jaloux, ou du frère trop parfait, lui. Ouais, sûrement à cause de ce connard. Accusons-le.
Ça nous évitera d'obtenir un gosse se demandant dans un coin si ses parents se séparent et ne l'aime plus car il a fait une connerie ou qu'il est juste une erreur.
Ah merde, trop tard.
Enfin bref. Petit à petit, la gentille et jolie famille se mit à se craqueler de tout les côtés, et un jour, elle se brisa d'un coup sec ; Sean et son père d'un côté, et son frère et sa mère de l'autre.
Se fut la dernière fois que le gamin vit la première femme de sa vie et l'autre qui partageait son sang. Est-ce qu'ils avaient cherchés à le récupérer, est-ce qu'ils l'avaient oublié ? Il n'en su jamais rien.
J'ai menti quand je disais qu'il ne s'en souciait plus.
Petit à petit, le vilain petit canard grandit, et oublia au passage de devenir le plus beau des cygnes. Ses résultats étaient toujours de plus en plus mauvais, son comportement se détériorait tout autant, et il finit par se faire renvoyer de l'école, restant confiné chez lui à la merci de son père.
Le gentil bureaucrate un peu jaloux avait fini par s'interroger sur ce mariage et laisser sa jalousie parler. Incapable de retrouver un peu du confort d'avant, perdant petit à petit ses qualités de travail et relâchant ses nerfs à travers les coups portés sur son fils aussi chelou que bon à rien, le Père continuait de se poser d'effroyables questions et de cultiver avec cruauté et mesquinerie la culpabilité de son dernier enfant. Et puis bordel, c'était quoi son problème ?! Il pouvait pas être comme son frère, ou comme sa mère, à la limite ?! C'était de sa faute s'ils étaient partis, de toute manière, il avait qu'à être meilleur, un autre, ou mort !
La stabilité du foyer déjà branlant s'effondra avec le renvoi du Père, emportant dans sa chute le géniteur et son Freak de fils. La déchéance s'installa comme un roi dans son royaume ; et c'est à avec les coups et les reproches que le père de Sean décida qu'il allait s'occuper de son enfant. Tour à tour, Freak devint pour son père son fils préféré, sa femme, le réceptacle de sa haine, le dernier membre de sa famille qui lui restait, un punching ball qui traînait trop dehors quand il aurait dû être disponible pour se faire frapper, un fou bon à rien, un objet sexuel utile faute d'être bon à quoi que ce soit, une déception, une preuve vivante de son échec à lui, en tant que mari et que père.
Et vous savez le pire ? Sean revenait toujours, parce que c'était sa seule famille, après tout, et puis, son père avait sûrement raison, pas vrai ? Il avait toujours foutu la merde, c'était forcément de sa faute, à lui, cet être anormal, ce... ce Freak.
Et puis un jour, Freak péta les plombs pour de bon ; et son père se félicita d'avoir eu raison en voyant une mauvaise graine dans son cadet, et le frappa un peu plus fort, dans le taudis qui leur servait désormais de lieu de vie.
Et puis au bout d'un ultime coup, Freak décida qu'il en avait assez. Qu'il ne se laisserait plus frapper et agresser et abuser par ce type qu'il avait appelé Papa. Le géant foutu un pain à son agresseur, Goliath envoya son poing dans la face de David et le plus beau c'est qu'il gagna et qu'il comprit que sa force et les particularités de son physique ne disparaissaient pas quand il passait la porte d'entrée.
Évidemment, son père, le nez en sang et faisant des bulles avec son hémoglobine décida qu'il fallait mieux s'enfuir pour éviter le courroux du malade déchaîné qu'il avait aux trousses.
C'est à ce moment que le karma passa dans le coin.
Le karma passa, sous la forme d'un quatre-roues avec moteur et pare-chocs bien résistant, et le Père tomba et se releva plus jamais.
Tant mieux. Connard.
Comme quoi, la liberté, ça tient souvent à bien peu de chose - un délit de fuite par exemple. En deux temps trois hurlements, Freak était libre. Tout ce qu'il avait vécu avait disparu ou prit la forme d'une bouillie sanguinolente.
On enterra le père avec le peu d'argent qu'il restait, on pissa sur sa tombe au passage ; puis comme l'argent venait à manquer et les dettes à s'accumuler, on vendit les meubles, la voiture, tout le reste ; et même l'appartement, empli de si mauvais souvenirs, dans lequel on ne pouvait plus vivre.
C'est ainsi que Freak sombra un peu plus et commença à voler voitures, appartements, passants, combattre dans la rue, vivant de ce que ses parents avaient toujours détesté chez lui. Membre combattant des Bandersnatchs, il était pourtant parvenu à acheter un petit appartement aussi bordélique que son esprit, et le plus beau c'est qu'il n'y vit même plus, passant de temps en temps pour nourrir ses insectes, squattant un étage du Mugenjo depuis qu'il est devenu maitre du mon-euh, Leader des Bandersnatchs, il y a un an de cela maintenant. Oui, c'plutôt un beau score oui, merci.
Comment il a fait ? En défonçant bien comme il faut l'ancien leader quelle question ! Enfin bref, voilà voilà, on arrive à la fin de l'histoire. Elle vous a plu ? Pas moi. Mais bon, n'en parlons plus et voyons ce qu'il adviendra du géant des Bandersnatchs !